1987

J
'ai 13 ans et c'est pour moi l'année de la maturité musicale.
(elle commence mal cette chronique)
Correction : l'année de mes premiers émois musicaux. Avec préliminaires, pénétration de l’œuvre et potentielles extases.
L'année où je passe aux ALBUMS.
Et quelle année!

Jusqu'alors seuls des singles (NDLR pour les jeunes : on appelait ça des 45 Tours) achetés au supermarché campagnard s'empilaient dans ma chambre de gosse depuis ce jour de 1983 où 'Beat It' me transforma en fan convaincu de celui qu'on n'appelait pas encore le King of Pop. La cassette de Thriller suivra et sera usée jusqu'à la six-cordes (de Van Halen), mais ensuite je n'ai pas de souvenir d'albums jusqu'en ...

1987 : l’Électro se fait plus proéminente dans la "pop" musique façonnée depuis quelques années par le mouvement New Wave. Comme nombre de collégiens j'y succombe. J'ai mes 45 Tours de Talk Talk, mon bracelet en lanières de cuir de Morten Harket (le Norvegian Boys-Band A-Ha), j'ai été connu au Japon et mon cœur a une faiblesse pour Anna LaCazio.
Mais l’événement de l'année, le seul et l'unique, c'est la sortie de 'BAD', après 5 ans d'attente du successeur au mythique 'Thriller'.

L'album, qui clôt l’œuvre triptyque Michael/Quincy débutée en 1979, sera mon premier CD. (NDLR pour les jeunes : un truc qui s'est intercalé entre les vinyles et les vinyles)
Bad is good! Même si on sent bien que le tout est travaillé et retravaillé encore pour essayer de se montrer à la hauteur de Thriller.

Résolument électro-funk, mais pas que, l'album me fera l'année, mais pas que...

Deuxième CD sorti en ce mois de Septembre, le très électro-pop 'Actually' des Pet Shop Boys qui finira d'achever ma période New Wave. Ce British duo signe là leur plus gros succès avec un album dansant aux parfums politiques dans une Angleterre libérale et conservatrice au Tchatcherisme finissant.
Septembre Bleu toujours, découverte en version Cassette de Chris Rea 'Dancing with Strangers', ouverture des esgourdes aux horizons bluesy du plus français des rockers anglais qui reste à mon sens un guitariste extrêmement méconnu en tant que tel.
Fun fact :
l'album atteindra la 2ème place dans les charts anglais derrière le précité et indéboulonnable 'Bad'.

Novembre. Le plus oublié des Fab Four sort 'Cloud Nine'. Je n'ai pas encore exploré les Beatles ni les chemises à manche courtes mais je surkiffe!

 

Novembre toujours, George toujours, mais celui-ci n'a que 24 ans, sent le Sex, le Funk et le Tzatziki (NDLR : ceci est une plaisanterie de bas niveau inspiré des origines de Giorgios Kyriacos Panayiotou)
Selon plusieurs études scientifiques de l'IHU de Marseille, il n'est toujours pas physiquement possible à ce jour de rester assis durant l'écoute de 'Monkey' ou 'Hard Day'.
L'ami George disparaîtra dans des circonstances toujours pas très claires au cours de la funeste année 2016, après quelques péripéties dans des toilettes.
En 1987, Zeus m'a donné la foi! (en 1995 ce sera Ophélie, mais c'est une autre histoire)

Cette fin d'année 1987 nous gratifie d'un autre joyau funk-rock taillé à coups de pieds par les australiens d'INXS.
L'ami Michael (Hutchence) disparaîtra quelques année plus tard dans des circonstances toujours pas très claires mais néanmoins dans une chambre d’Hôtel.


J'ai presque oublié dans ce richissime millésime 1987 l'indispensable disque à l'interminable dénomination, Introducing the hardline according to Terence Trent D'Arby. Album rempli de pépites, chaque morceau s'ancre instantanément dans votre cortex, tout y est finement ciselé de la main du maître chanoine (Welcome to my Monasteryo chantera t il un peu plus tard).
Cet homme est un poète qui écrira 4 albums puissants avant de ... eh oui, de mourir. Ou pas. Terence décédera en 2001 pour renaître sous le patronyme 'Sananda Francesco Maitreya', pas très clair tout cela...

C'est donc courtisé par l'electro, le funk et les guitar-heros que cet adolescent traversa MCMLXXXVII, partagé entre les jeunes funkeux pseudo-virils (alors qu'avouons le, Michael J. ou G.Michael...) et les quadra-guitareux.
Mais je ratais totalement la pierre angulaire de cette année, celle qui à la fois synthétise toutes les autres, les précède et pour certain les inspire : Sign ☮' The Times de Prince.

Il faut dire qu'à l'époque une règle tacite interdit au fan de Jackson de s’intéresser à Prince et vice et versa. Ce n'est que deux ans plus tard que je trempais mes lèvres dans ce calice, avant d'en boire tout le jus jusqu'à la lie.

Libéré en Mars 1987, ce double-album qui aurait pu être un quintuple, qui aurait du être un triple si la maison de disque n'avait pas estimée que c'était invendable, ressort 33 ans plus tard dans une version remastérisée et "de luxe" sous forme d'un TREIZUPLE disque (treizuple si je veux).
33, l'âge du Christ, comme de par hasard! (#complot)

Electro-apocalypse (Sign o the times), Rock joyeux (Play In The Sunshine), Funk minimaliste (Housequake), Ballade saoule (The Ballad of Dorothy Parker), Gospel hurlant (It), Pop étoile-de-mer (Starfish&Coffee), Ballade Soul (Slow love), Sex (Hot Thing), Amour (Forever in my life), le tout saupoudré de cuivres Jazz, on n'est qu'à la moitié de l'album et déjà c'est un tsunami de genres musicaux là où les albums précités ne sont que des rivières.

Ces rivières puisant par ailleurs généreusement leurs sources dans ce double LP. Comment douter que George Michael ne se soit pas baigné dans ces sonorités tant certains morceaux sont inspirés? On notera même une apparition de 'Camille', l'alter-égo féminin de Prince sur 'Hard day'.
Not so fun fact : au début des années 90 il refuse de faire la promotion de ses albums et entre en guerre avec sa maison de disque, se considérant "esclave" de celle-ci (toute ressemblance avec son influence ne serait pas purement fortuite) 

Terence Trent d'Arby n'a jamais caché son admiration pour Prince. Plus tard lui aussi abandonnera les circuits traditionnels des maisons de disques et ... changera son nom.

Idem pour INXS, qui a  du retourner en studio après la découverte de Sign o' the times pour coucher sur bandes 'Need you tonight' & 'Mediate', proches cousins de 'Hot Thing' ou 'It' (ainsi que de 'Wonderfull Ass' pour son assonance hypnotique!), ou encore Guns in the sky  et sa rythmique aux faux airs d'Housequake.

Comparaison n'est pas raison pour les albums millésimés 1987 de Chris Rea ou G.Harrison,  cependant  sur Sign o' the Times, Prince comble les amateurs d’envolées de guitares lyriques aussi bien sur 'I could never take the place of your man' que sur 'The Cross'.

L'occasion également de rappeler ce formidable hommage du Rock & Roll Hall Of Fame à George Harrison où Prince vient mettre tout le monde d'accord en clôture de 'While my guitar gently weeps'


(Re)découvrez Sign o' The Times ce 25 septembre dans une version remastérisée et disponible en version 2, 3 ou 8 CD / 13 LP, le millésime 1987 a plutôt bien vieilli!


Et vous, votre 13 ans écoutait quoi ?

Enregistrer un commentaire

Plus récente Plus ancienne